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L’artiste et l’univers

Avec quelques gestes aléatoires et une palette limitée, Patrick Maury remonte aux sources de la création. Une belle exposition estivale à la galerie Remp’Arts.

Il est jeune, doué et tend déjà vers l’universel. Pour lui, créer ne signifie pas seulement s’interroger devant la toile blanche, mais aussi mesurer la place de l’artiste dans le cosmos. Démarche ambitieuse certes, sur laquelle par ailleurs il s’explique peu. Mais peut-on expliquer la création, peut-on dire les forces qui animent un geste, nourrissent une pensée ou privilégient une couleur ? Ici, c’est le bleu, sombre ou dilué vers la gamme des gris. Il envahit la toile ou parsème le papier de formes simples, minérales ou animales, rehaussées d’un graphisme aléatoire à la mine de plomb.

Patrick Maury laisse au spectateur le soin de s’interroger devant ses tableaux sans lui fournir de clés, lui laissant le soin de trouver ses propres réponses. Tout au plus fournit-il, pour tenter une approche de son travail, des textes de scientifiques. De Buffon : «La première vérité qui sort de l’examen sérieux de la nature est une vérité peut-être humiliante pour l’Homme ; c’est qu’il doit se ranger lui-même dans la classe des animaux auxquels il ressemble par tout ce qu ‘il a de matériel… » et du biologiste Lynn Margulis, à propos de l’univers bactérie ! : «… Les organes les plus simples et les plus anciens sont non seulement les ancêtres et le substrat actuel de l’ensemble des êtres vivants sur Terre, mais ils sont aussi prêts à s’étendre et à se modifier, eux et les autres, au cas où nous les hommes, les organismes « plus élevés », aurions la folie de nous annihiler ».
Des textes qui appellent l’homme à l’humilité et l’artiste à une prise de conscience de ses limites et de sa place dérisoire dans l’univers.
Patrick Maury vit et travaille à Bormes. Il s’est lancé depuis une dizaine d’années sur les voies de la création qui se sont imposées à lui bien avant qu’il ne les choisisse. « Je suis peintre de naissance ». n’hésite-t-il pas à avouer.

/ Une démarche ambitieuse
/ Les voies de la création
/ De nombreuses expositions

Il s’impose dès 1990 dans la région avec le premier prix de peinture du Lavandou, participe en 1992 au Rendez-Vous des Jeunes Plasticiens d’Elstir et, depuis 1994, réalise de nombreuses expositions personnelles privées.
En 1996 et 1997, il expose aux Bols d’Art du Réseau Lalan au Lavandou et s’est fait remarquer à Paris l’année dernière lors du Salon « Grands et jeunes d’aujourd’hui », par une galerie qui s’apprête à présenter ses travaux dans la capitale.
C’est un grand pas que s’apprête donc à franchir Patrick Maury, après cette exposition toulonnaise où s’affirme la sensibilité en même temps que le charme d’un parcours qui nous réserve encore de belles émotions.
c.c.
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Galerie Remp’Arts, place Armand-Vallé, jus­qu’au 31 juillet. Ouverture du mardi au samedi de 9 h 30 à 12 h et de 14 h à 18 h.